Au moment historique où le Conseil d’État donne trois mois au gouvernement pour prouver que la trajectoire de réduction à horizon 2030 pourra être respectée, le débat entre énergie nucléaire et énergies renouvelables est plus que jamais prégnant en France, dont la production électrique actuelle provient à environ 70% de l’énergie nucléaire.

Face à l’urgence climatique, la tentation de maintenir le parc nucléaire français en l’état est forte au regard du faible impact carbone de cette filière (6g CO2eq/KWh) quand le facteur d’émission relatif à l’électricité photovoltaïque, de l’éolien terrestre et de l’éolien offshore pour la France sont respectivement de 56g CO2eq par kWh, 14,1g CO2 eq par kWh et 15,6 g CO2 eq par kWh.

Le facteur de charge (pourcentage moyen de la puissance utilisée par rapport à la puissance installée) du nucléaire de 69% comparé à celui de l’éolien (20%) ou du solaire (14%) est aussi un argument avancé par le lobby pro-nucléaire pour montrer la pertinence d’un mix électrique dominé par l’énergie nucléaire pour répondre à la crise climatique.

Dans ce contexte, la filière solaire est particulièrement critiquée. En réponse au détracteur de l’énergie solaire, Bertrand Piccard, première personne à avoir fait le tour du monde avec un avion solaire rétorque dans un article en ligne disponible sur Usbek & Rica intitulé « 10  contre-arguments pour comprendre l’énergie solaire« .

Bien sûr l’énergie nucléaire émet peu de gaz à effet de serre, mais à quel prix !!! Quid des déchets radioactifs et de leur stockage ? Quid de l’accident nucléaire dans un parc vieillissant même caréné pour être prolongé ? Quid de l’approvisionnement en uranium ? Quid du refroidissement des réacteurs nucléaires en période de dérèglement climatique ? Quid du prix de l’électricité compte tenu des surcoûts d’installation de l’EPR de Flamanville ? Quid des déperditions d’énergie d’un réseau électrique centralisé ?

Alors que le gouvernement français fait pression sur l’Union européenne pour faire reconnaître l’énergie nucléaire comme une « énergie durable », le GIEC a, en 2019, analysé les leviers de réduction des gaz à effet de serre sous l’angle des objectifs de développement durable des Nations Unies.

Cette analyse du GIEC permet d’obtenir un scoring pour chaque levier d’action comme la substitution du charbon par le nucléaire ou la substitution du charbon par les énergies renouvelables. Celui-ci est obtenu en passant chacun de ces leviers sous le spectre de chacun des objectifs de développement durable, ce qui permet d’avoir une mesure de la soutenabilité de chacun des leviers d’action.

L’association NEGAWATT a produit une note explicative publiée en octobre 2020. La soutenabilité de l’énergie nucléaire est ainsi bien inférieure à celle des énergies renouvelables.

L’illustration et le webinaire, qui précède, le montre, il est urgent d’élargir le débat, car l’énergie nucléaire n’est, malgré son faible impact carbone, pas une solution d’avenir dans le monde et de surcroît en France.